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Par oliviat le 15 Août 2013 à 16:37
Alain Denizot a écrit un livre intitulé "l'énigme Alain Fournier".
En effet, pendant de nombreuses années, personne n'a su où, ni comment était mort Alain Fournier, l'écrivain, auteur du livre "Le Grand Meaulnes" paru en 1913.
Je vous propose de découvrir ou redécouvrir cette histoire.
Il incarnera jeunesse, talent, héroïsme, énigme (sa dépouille restant introuvable!) donnant à l'écrivain l'étoffe d'un héros. Mobilisé le 2 aoùt 1914 et affecté en tant que lieutenant de réserve au 288 R d' Infanterie de Mirande (Gers) avant de rejoindre suippes (Marne) en Chemin-de-Fer, puis le front après une semaine de marche.
C'est donc en septembre 1914, que le Lieutenant est engagé dans les combats de la bataille de la Marne où il disparaitra lui et ses compagnons(deux officiers et dix-huit hommes de troupe) le 22 septembre 1914, à l'âge de vingt-huit ans.
La compagnie d'Alain Fournier a été prise dans une embuscade semble-t-il, par une patrouille allemande commandée, par le Lieutenant Egon Nicolay. Les circonstances et les raisons de leur mort amenèrent de nombreux questionnements et certaines réponses...parfois dans la polémique!
portés disparus, ils ne furent retrouvés que le 2 mai 1991 dans la forêt de Saint-Rémy-la-Calonne, sur les Hauts de Meuse.
Grâce à la tenacité d'une équipe de chercheurs, qui après avoir délimité une zone de fouilles, a réussi à mettre à jour une fosse de très faible profondeur où l'on retrouvera 21 corps. Tous étaient originaires du Gers, à l'exception du Capitaine de Gramont et le Lieutenant Henri Alban Fournier de son vrai nom.
Un monument a été érigé sur le site des Eparges à la mémoire des ces jeunes soldats si rapidement inhumés.
La fosse est devenue une nécropole
Le 10 novembre 1992, Alain Fournier ainsi que les 20 soldats furent inhumés dignement, dans une sépulture individuelle, à la nécropole nationale de Saint-Rémy-la-Calonne, au chevet de l'église Saint-Rémy.
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Par oliviat le 10 Août 2013 à 10:20
La rencontre avec un lieu chargé d'histoire comme celui de la crête des Eparges est émouvant.
Cette terre si durement défendue, aux sacrifices des vies humaines, cette terre qui a laissé des traces de ses blessures, pour que nous puissions transmettre aux générations futures et ne pas oublier l'inexplicable, tant cette guerre de 1914-1918 fut impitoyable.
La crête des Eparges se situe à l'extrémité des hauts de Meuse, à mi-chemin entre Saint-Mihiel et Verdun. Du haut de ses 346 m, elle domine la plaine de la Woëvre.
Chaque position conquise sur l'ennemi était désignée par une lettre. Le point A, situé à l'ouest de la colline est occupé dès 1914 par le (106è RI), celui de l'écrivain, Maurice Genevoix. En haut de cette colline, fut érigée le monument des revenants.
Ce monument aux morts fut réalisé par le sculpteur Maxime Real Del Sarte, à la demande de l'Amicale du 106 ème RI. En mémoire des rescapés de cette unité surnommés "les Revenants"
Le sculpteur connaissait les lieux, car il fut blessé aux Eparges le 29 janvier 1916 et dut être amputé de l'avant-bras gauche. Il sculpta donc, cette oeuvre poignante, d'une seule main.
Plus loin, vous pourrez voir un ensemble de 7colonnes de béton placées en arc de cercle autour d'une esplanade, c'est " le momument à la Gloire du Génie".
Il représente les différents corps de Génie, sapeurs-mineurs, pontonniers, artificiers,télégraphistes, sapeurs des chemins de fer et communication, aérostiers et sapeurs éléctromécaniciens.
A l'opposé, l'emplacement du Point C, surplombant des entonnoirs vertigineux, vous pourrez voir le monument du Coq qui matérialise l'avancée des troupes françaises et en hommage à la 12 ème DI à laquelle appartenaient les régiments qui avaient pour emblême le coq.
Septembre 1918, le Point x sera l'ultime bastion arraché à l'ennemi
Une belle allée bordée d'arbres : Allée Comtesse de Cugnac
qui nous conduit à un monument, autel de pierre dominant la plaine qui s'étend à perte de vue.
Monument du Point X
Le Bas-relief représente un groupe d'hommes en armes entourant un officier dans un mouvement volontariste et combatif devant l'ennemi...
Sous les traits de ce jeune Lieutenant, Louise Mina Fischer, Comtesse de Cugnac, a représenté son cousin René Tronquoy, disparu aux Eparges le 20 février 1915. Malgré leur différence d'âge dix-huit ans pour elle et trente ans pour lui, une histoire d'amour naissante est révélée dans un dernier courrier qu'il ne lira jamais.
Il est célibataire et vient de terminer ses études à la Faculté de sciences de Paris. Bénéficiant d'un report d'incorporation, il ne fera qu'un an sous les drapeaux!
Louise Mina Fischer est née à Paris dans une famille aisée, brillante et cultivée. Elle a une âme d'artiste plutôt idéaliste. De caractère combatif, à dix-sept ans, elle lance une pétition qui paraîtra dans le "bulletin des Réserves", en juillet 1913 pour plaider en faveur d'une incorporation féminine pour des emplois auxiliaires dans les troupes de combat.
Leur correspondance reflète une tendre complicité, pendant que sur le front les combats n'ont jamais été aussi meurtriers. La dernière lettre qu'elle lui envoie en 1915 ne reçoit pas de réponse. L'angoisse commence pour la jeune ambulancière de 18 ans! Sans oublier toutes ces épouses, ses mères et pères qui attendent des nouvelles, desespérement, partout en France.
La disparition de René est signalée après le repli de son unité. Mais les services chargés d'établir la liste des pertes sont submergés et dans l'incapacité d'affirmer si celui-ci est mort ou vivant. Malgré l'acte officiel de disparition de l'Intendance militaire, Mina espère toujours...
Mina a obtenu son diplôme d'infirmière, a servi son pays avec abnégation, elle force le respect...
Ce n'est que huit ans après la disparition de René que le jugement établissant sa mort sera définitivement établi, le 4 mai 1923.
A l'âge de vingt-sept ans, elle s'inscrit aux Beaux-Arts, elle se résigne à faire le deuil de celui qui aura occupé toutes ses pensées durant ces années. Sa famille l'incitant à penser à son avenir, elle déclare "si je dois marier, je n'épouserai qu'un grand blessé de guerre"!
C'est ce que fit Mina Fischer en rencontrant Antoine de Cugnac; que son frère Paul, lui avait présenté. Ils ont en commun d'avoir engager leur vie alors qu'ils n'avaient tout juste que 20 ans!
encouragé par son futur mari dans l'hommage, qu'elle souhaite rendre à ceux qui n'ont pas de tombes. Elle décide de retrouver et de contacter les familles des camarades de combat de René. Elle y parvient et les invite à se recueillir dans l'église Notre Dame des Victoires, à Paris, pour une cérémonie d'hommage collectif. A sa demande, ils acceptent de lui confier des photos de leurs chers disparus.
La suite vous la connaissez, en quelques semaines, la jeune artiste façonnera dans l'argile puis sculptera dans la pierre les visages de "Ceux qui n'ont pas de tombe".
Le monument est un autel tourné vers l'Est. En 1925, Mina Fischer achèvera son oeuvre et la signe de son nom de jeune fille, avant de devenir, par son mariage, Comtesse de Cugnac.
Le monument du point X devient le monument, du souvenir où chaque année, le lundi de Pentecôte, une messe est célébrée en présence d'une foule nombreuse. Quand à l'abbé Tripied, depuis qu'il est revenu dans sa paroisse dévasté des Eparges en 1919, il n'aura de cesse de recueillir les restes de ceux que la terre délivre de son étreinte.
Le temps passe Mina espère toujours que l'on retrouvera le corps de René. Cette quête prendra fin un jour de 1935. Après des recherches, au bord d'un entonnoir, la plaque métallique portant le nom et le matricule de René est retrouvé près de ses restes.
Dans le petit cimetière de Vervins, Mina peut enfin fleurir la tombe de René.
Fidèles à la Cérémonie de Pentecôte, Mina et son époux vinrent chaque année accompagnés de leurs enfants et de leurs petits enfants.
C'est au cours d'une de ces cérémonies que la Comtesse de Cugnac reçoit la Médaille de la Marne pour services rendus sous le feu de l'ennemi au ravitaillement des ambulances volantes pendant la Bataille de la Marne. Une autre fois, toujours aux Eparges, elle recevra, des mains de Jean Bertheaud, la médaille du souvenir français.
Les années passent, inlassablement Mina Fischer participera à toutes les manifestations patriotiques que ce soit à Paris, à Douaumont, aux Eparges, .... Porte-drapeau , elle tient sa promesse de ne jamais oublier son cher René et tous ces compagnons disparus dans cette triste guerre.
Cette émouvante histoire m'a été contée par les membres de l'association l'Esparge qui réalisent un travail de mémoire impressionnant. Ces écrits je les ais rédigés et résumés à partir d'articles écrits sur l'Emouvante Histoire du Monument du point X par cette association. Merci à eux pour ce travail de mémoire que je partage avec vous, aujourd'hui.
Si vous souhaitez en savoir plus sur cette association, rendez-vous sur son site:
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